La nouvelle comédie chaotique et débridée du réalisateur du Jour de la bête.

« Qué pasaré, qué misterio habrá 
puede ser mi gran noche »

Ce couplet tiré d’une chanson de Raphael (le Salvatore Adamo espagnol) est à la fois le point de départ et l’argument du film. Le point de départ puisque Mi gran noche, au-delà de son titre, regorge de références aux grands succès du crooner qui joue lui-même dans le film. L’argument car, en effet, ce soir, c’est le grand soir. Mais que va-t-il se passer ? Quel mystère nous attend ?

Pitch : Ce soir, la télévision enregistre, dans un studio des environs de Madrid, le gala qui sera diffusé au nouvel an. Dehors, des employés en passent de se faire virer par la chaîne manifestent et tentent de forcer le cordon de sécurité installé par la police. Personne n’a le droit de sortir tant que le tournage n’est pas achevé. La tension monte, les catastrophes s’accumulent. Le régisseur crie ses ordres (« Riez !« ) aux figurants qui préfèrent s’enrouler derrière les décors tandis que la réalisatrice désabusée fume clope sur clope et que deux bimbos volent le sperme d’un beau chanteur latino. Quant au couple de présentateurs, ils s’écharpent pour savoir qui animera la version espagnole de Koh-Lanta, alors que le directeur de la chaîne se barre avec le pognon. Il y a aussi un tueur psychopathe qui traîne dans les parages.

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Hugo Silva et Carolina Bang, les présentateurs

La nouvelle production du plus fou des cinéastes espagnols est un joyeux bordel. Alex de la Iglesia, le réalisateur du cultissime Le Jour de la bête (1996), nous livre un film choral sous la forme d’un huis clos déjanté à l’ambiance pré-apocalyptique. Porté par une pléiade de stars locales, Mi gran noche est avant tout un hommage à Raphael, la grande vedette de la chanson espagnole, alter ego de Julio Iglesias en plus sage. Il interprète ici Alphonso (également avec ph), une caricature de lui-même, vieux chanteur trop maquillé, capricieux et tyrannique mais au brushing toujours impeccable. De la Iglesia, tout comme le clown de Balada triste (2010), est fan de Raphael et réalise ici son désir de le mettre en scène.

Au fil des minutes, le film monte en puissance dans le délire. Pas de répit, la caméra passe sans cesse d’un personnage à l’autre, ceux-ci hurlant les dialogues avec un débit de mitraillette. Mi gran noche s’inscrit dans la droite ligne des comédies qui ont fait le succès de de la Iglesia (Le Crime farpait, Les Sorcières de Zugarramurdi) : un mélange de vaudeville kitsch et de cabaret un peu vulgaire. Une comédie surexcitée, bourrée de références à la culture populaire espagnole, qui réjouira le public ibérophile.

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Marta Castellon y Marta Guerras, les bimbos