On attendait beaucoup de ce premier film de Robert Eggers, encensé à Sundance. Trop sans doute car malgré son extraordinaire beauté visuelle, The Witch souffre d’un scénario trop mince et finit par décevoir.
Pitch : 1630, Nouvelle-Angleterre. Une famille trop puritaine est chassée de sa communauté. Les parents et leurs cinq enfants partent s’installer dans une clairière à l’orée d’une forêt qu’ils ignorent hantée par une sorcière maléfique.
Sa diffusion au festival de Sundance (prix de la mise en scène) avait déclenché l’hystérie et réveillé l’impatience des fans de films d’horreur en mal de productions de qualité. L’amateur devant trop souvent se contenter de sympathiques films bis, certes réjouissants mais peu ambitieux, ou de productions mieux dotées mais décevantes car destinées à un public trop large.
Et il faut bien reconnaître que, dès les premières minutes, The Witch en fout plein la vue. Non pas au niveau du spectaculaire mais de la qualité visuelle. Une photo impressionnante, reproduisant la grisaille d’une Nouvelle-Angleterre peu accueillante, et une mise en scène élégante laissaient présager le meilleur. On soulignera aussi la force de l’interprétation de la jeune Anya Taylor-Joy, ravissante et pure, et du bon vieux Ralph Ineson, sorte de Geoffrey Rush de séries télé.
Rapidement, le réalisateur Robert Eggers nous propose d’ailleurs un moment magique. La fille aînée de la famille joue avec son petit frère qui est couché dans l’herbe. Elle cache son visage dans ses mains, les retire et fait « bouh ! », le bébé rit. Elle cache son visage, retire les mains, « bouh ! », le bébé s’esclaffe. Elle cache son visage, retire les mains, « bouh ! », le bébé a disparu. La clairière autour d’elle est vide, pas de trace de l’enfant. Le spectateur fait alors un bond de joie, il est devant du lourd.
Il ne faut toutefois pas se laisser berner par la splendeur de la photo et la justesse des acteurs, The Witch souffre d’un sérieux problème de scénario (signé par Eggers lui-même) qui rompt rapidement le charme. Le spectateur, envoûté dans un premier temps, fini par déchanter au fur et à mesure que l’ennui le gagne. Le minimalisme de l’histoire (peu de scènes dans la forêt, on s’attarde davantage sur la folie s’emparant petit à petit de la famille) rend le film assez cliché. Jumeaux maléfiques, mère surmenée, c’est Shining au XVIIème. Quitte à faire dans le déjà-vu, on aurait peut-être préféré une version moderne et horrifique des Sorcières de Salem, avec villageois armés de flambeaux, procès inéquitables et bûchers rougeoyants.
The Witch ne tient pas sa promesse initiale. C’est le fameux fossé entre le film qu’on espère et le film comme il est. Cependant, soyons attentif à l’évolution de ce Robert Eggers qui, associé à un bon scénariste, pourrait finir par véritablement nous ensorceler.
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